TECHNIQUE
Principalement de l’acrylique sur toile, travaillé au pinceau, parfois à l’aérographe. LO travaille également à l’aquarelle, à la gouache et au dessin (graphite).
SON APPROCHE ARTISTIQUE
L’esthétique, l’harmonie et la quiétude sont trois éléments fondamentaux qui composent l’ensemble des oeuvres de LO. L’esthétique comme discipline philosophique derrière l’oeuvre, l’harmonie dans les tons et la quiétude dans les scènes. LO est fasciné par la mer et par les reflets dans l’eau qui font naître à chaque instant une autre image de la réalité, toujours en mouvement. Ses bateaux qu’ils soient au port, en mer, dans le feu de l’action d’une régate, qu’ils soient voiliers, barques ou paquebots, beaux ou rouillés, inspirent toujours une captivante majesté qui laisse le spectateur rêveur car l’art de LO est de mettre en sensation une narration.
Dans certaines oeuvres, la traversée spatiale du premier plan au deuxième plan suggère une autre narration plus lointaine, mais seule celle du premier plan importe à LO, qui vit le moment présent, qui ne cherche pas à voir plus loin dans le temps. On remarque d’ailleurs ce trait de caractère dans l’ensemble de sa peinture: le premier plan est toujours très détaillé. Les ombres sont discrètes sur le pont et dans les drapés; c’est l’une des caractéristiques de l’artiste qui ne laisse rien au hasard. Les cordages ont leur part d’ombre et de lumière, les poulies vernies reflètent également cette surprenante lumière du jour. C’est le soin apporté aux plus petits détails qui nous fait comprendre que l’artiste passe beaucoup de temps sur chacune de ses toiles – jusqu’à 400 heures.
L’artiste a pour habitude d’aller sur place, dans les ports et les marinas, pour capter l’atmosphère particulière de l’endroit. Il prend d’innombrables photos à partir desquelles il s’inspire et retravaille par la suite la composition dans son atelier. Ses sujets viennent de partout, notamment de France, de l’Ontario et de la région de l’Atlantique. Il affectionne tout particulièrement la lumière qui diffère d’un endroit à l’autre.
En regardant de plus près, particulièrement dans ses oeuvres produites à partir de 2010, on retrouve plusieurs éléments géométriques (triangles, cercles et carrés) situés à des endroits stratégiques, calculés sur le principe du nombre d’or. Ses compositions sont ainsi calculés pour donner un équilibre tranquille dans un mouvement suggéré, notamment par l’eau et le vent. L’intérêt du nombre d’or ne réside pas tant dans les mathématiques appliquées dans le domaine de la peinture, il réside surtout par la justesse des proportions dans des perspectives subtiles qui forment un ensemble équilibré, qui se veut fondamentalement réaliste. Pour LO, l’art – tout comme la vie – est une expérience d’équilibre.
Tout est dans la relation: dans une proportion parfaite, il y a une relation parfaite. Les parties sont dans le même rapport les unes vis-à-vis les autres. L’artiste et la toile ne font qu’un. Ils vibrent à l’unisson dans une harmonie métaphorique. L’artiste est en harmonie avec ce qu’il crée et la création s’avère harmonieuse pour qui la regarde.
Parallèlement à cette discipline philosophique qu’est l’esthétique et parallèlement à l’utilisation de la divine proportion, il y a aussi une grande admiration pour les traditions japonaises. Le geste précis, pratiqué dans une ascèse quasi religieuse, rejoint les valeurs fondamentales de LO. La sobriété, le dépouillement, la discipline et l’essentiel sont des vertus importantes dans l’équilibre de vie de l’artiste, on les retrouve jusque dans ses peintures. Paradoxalement, bien que LO peigne des bateaux réalistes et hyperréalistes, le sujet premier est abstrait: la liberté.
SON APPROCHE POUR L’AQUARELLE
Les reflets dans l’eau – l’un des éléments thématiques chers à LO – évoluent vers des contrastes urbains qui font toujours référence à cette autre réalité toujours en mouvement que sont les reflets dans l’eau. Hommes et femmes se côtoient, tout en s’ignorant. Tous les êtres humains sont seuls, qu’ils soient en mer ou sur terre. L’artiste a délibérément utilisé l’eau (l’aquarelle) comme vecteur de transmission, avec sa facture hyperréaliste. Fin 2015/Début 2016, il amorce un tournant décisif par une série d’aquarelles hyperréalistes sur le thème de la réflexion urbaine: réflexion dans l’eau (sous la pluie) et réflexion sur le monde dans lequel nous vivons. Son approche pour l’aquarelle a pris naissance à Ottawa (Ontario), ville dans laquelle il a vécu en alternance (entre 2013 et 2020) avec Québec et qui est sa deuxième source d’inspiration après le fleuve Saint-Laurent.
Puisque les bateaux étaient absents du paysage ottavien, LO a puisé au centre-ville un tout nouveau sujet. Ses aquarelles touchent néanmoins toujours à une autre image de la réalité, grâce aux reflets sur la chaussée, mouillée par la pluie, où les lumières de la ville se reflètent. LO affectionne ce mélange harmonieux de Yin et de Yang et de l’effet de mouvement dans l’immobilité.
AU SUJET DES PROVINCES DE L’ATLANTIQUE
Outre l’Ontario et le Québec, l’artiste a un lien affectif, très particulier, avec le Nouveau-Brunswick depuis 2001. C’est en 2018-2019, qu’il fait un large tour des ports de pêche des provinces de l’Atlantique (d’abord en Nouvelle-Écosse en décembre 2018, puis le Nouveau-Brunswick et l’Ile-du-Prince-Edouard pendant l’année 2019) dans le but de prendre une multitude de photos pour ses futures peintures. La mer lui manque et il se ressource auprès d’elle, préparant de nombreuses expositions personnelles ayant pour sujets les bateaux de pêche de la région de l’Atlantique. Après avoir exposé à Tracadie-Sheila (NB) en 2004, la province néo-brunswickoise revient en force dans ses réalisations. Dès l’automne 2019, LO a commencé à changer ses couleurs. Les ciels ont pris une teinte différente. Le bleu semble laisser place à des couleurs plus chaudes, voire plus pastels. Un lien symbolique le lit également à Joshua Slocum, le premier navigateur à avoir réalisé le tour du monde en solitaire à la voile. Le récit de sa circumnavigation sur le Spray, un sloop en bois de 37 pieds, a d’ailleurs inspiré de nombreux navigateurs contemporains ainsi que des peintres, comme LO, lui-même ancien navigateur et régatier. Le fait que les deux hommes soient nés le même jour intensifie certainement ce lien particulier.
En 2020, en pleine pandémie de COVID-19, privé de la liberté de retourner dans les provinces de l’Atlantique, LO part en Gaspésie pour y explorer de nouveaux horizons maritimes près de la baie des Chaleurs. En 2021, au Grains de folie, il présente à Caraquet une première exposition personnelle en septembre/octobre, intitulée « Au gré des marées », après l’avoir reportée d’une année à cause de la pandémie COVID-19. En 2021, il passe un long moment à Caraquet, dans plusieurs séjours qui le font méditer sur la nécessité de laisser des traces du patrimoien maritime acadien.
D’ailleurs, le documentaire « Comme un poisson dans LO » d’une durée de 14 minutes, a été filmé et réalisé au cours de l’année 2021, notamment lors de ses passages dans la Péninsule acadienne, et a été diffusé en janvier 2022. En 2022, une autre exposition personnelle au Grains de folie à Caraquet, en septembre/octobre, intituée cette fois-ci « A bon port », apporte avec elle un deuxième documentaire de 14 minutes, intitulé « Les deux pieds dans LO ». Ce deuxième documentaire, qui est la suite logique du premier, a été filmé et réalisé en 2022 dans son atelier de Québec et, en partie, à Caraquet. Ce documentaire a été diffusé en septembre 2022.
A l’été 2023, LO repart sur les routes des provinces de l’Atlantique pour découvrir de nouveaux horizons. Un troisième documentaire intitulé « Au fil de LO » est publié le 18 août dans la foulée avec des scènes filmées de ses déplacements au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.
A l’automne 2023, LO repart à Caraquet, son principal port d’attache, pour être au plus près des bateaux. Son séjour a permis de réaliser un quatrième documentaire de 14 minutes, intitulé « Clair comme de LO de roche ». Ces oeuvres audiovisuelles sont visibles sur Internet gratuitement et documentent la vie de l’artiste, son travail sur le terrain et en atelier et son amour pour le patrimoine maritime acadien. Le quatrième documentaire est publié le 6 novembre 2023.
L’UTILISATION DU NOMBRE D’OR
La proportion dorée existe depuis fort longtemps. Connue également sous le nom de divine proportion ou nombre d’or, dont le principe reste entouré de mystère, on la retrouve dans la nature, les arts et les sciences. Sa présence est dans les plantes, les coquillages, le vent et les étoiles. Sa forme est lovée au coeur de la spirale de notre oreille interne et réfléchie par la constante mutation de l’embryon humain.
L’étude de la proportion dorée offre une compréhension sur la complexité de l’univers. Il permet de découvrir une relation entre harmonie, symétrie, équilibre et régénération. Les lois de la proportion qu’utilisent les artistes découlent de vérités fondamentales touchant au domaine spirituel; elles sont au coeur de la vie, depuis l’ADN jusqu’aux contours de l’univers. Euclide d’Alexandrie, célèbre mathématicien a été le premier à exprimer par des mots la divine proportion: “On dit d’une droit qu’elle est partagée entre extrême et moyenne raison lorsque le rapport de la ligne entière à son segment le plus grand est égale au rapport de ce plus grand segment au plus petit”.
Traduite en langage géométrique, cette proportion prend la forme des pyramides d’Égypte, du Panthéon athénien ou des grandes cathédrales gothiques. Depuis des millénaires, les artistes et les artisans n’ont eu de cesse d’utiliser le nombre d’or et ses principes secrets pour obtenir la perfection.
La dimension du nombre d’or, qu’elle soit macrocosmique ou microcosmique, révèle une sagesse dans une infinité d’expressions: sciences, philosophie, musique, poésie, architecture, peinture, etc.
Appliqué à la peinture, le nombre d’or est utilisé pour placer des éléments: un mât de bateau, la ligne d’horizon, des formes ou des éléments marins qui s’harmoniseront avec l’ensemble de la composition. Rien n’est le fruit du hasard. Parfois le choix de la dimension de la toile est lui-même issu d’une proportion dorée que le carré ne peut offrir.
Textes de HeleneCaroline Fournier, experte en art et théoricienne de l’art, rédactrice spécialisée, journaliste indépendante, critique d’art
LE NOMBRE D’OR (LA PROPORTION DORÉE) EXPLIQUÉ GRAPHIQUEMENT
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L’AÉROGRAPHIE, L’INSTRUMENT DES PUBLICISTES ?
(article tiré de la revue L’ArtZoomeur)
Boudée par les Beaux-Arts jusqu’aux années 80, la technique de l’aérographie a longtemps été l’instrument des publicistes et son produit a été difficilement admis comme « oeuvre artistique » au même titre qu’une peinture ou une sculpture. Pourtant, le procédé de la peinture soufflée via un instrument existait bien avant l’arrivée de la publicité !
Les spécialistes de l’histoire de l’aérographie (air brush en anglais) s’affrontent pour savoir si c’est Charles L. Burdick en 1893 ou la Société Walkup Air Brush en 1885, d’après un prototype de 1879, qui a inventé l’aérographe. Quoi qu’il en soit, c’est Burdick qui, le premier, lança sur le marché la première série d’oeuvres effectuées à l’aérographie. A cette époque, les oeuvres à l’aérographe étaient mal vues, non pas parce qu’elles manquaient de qualité artistique, mais parce qu’elles étaient réalisées à l’aide d’un outil mécanique. L’aérographie a survécu grâce au domaine commercial en tant qu’instrument utilisé pour la retouche photo, pour créer des affiches et pour illustrer des annonces publicitaires, ce qui le plaça définitivement hors du domaine des Beaux-Arts. Dans les années 30, quelques artistes qui travaillaient tous en publicité ont commencé à utiliser l’aérographie, mais il faudra attendre 30 ans avec l’éclosion du Pop Art pour que l’aérographie connaisse un essor considérable. Le Pop Art, mouvement artistique inspiré des images de la publicité et de l’art commercial, a jugé bon d’utiliser tous les moyens d’expression artistique pour se développer : huile, acrylique, vernis et émaux, sérigraphie… et bien sûr, l’aérographie ! En 1972, une nouvelle forme d’expression artistique a acquis ses lettres de noblesse : l’« hyperréalisme », c’est-à-dire la quintessence du réalisme. Il va sans dire que l’aérographie y est pour quelque chose, mais selon LO Torregrossa, un adepte de l’aérographie et de l’hyperréalisme, « en voyant Vermeer, Rubens, Dali, il n’est nul besoin d’avoir un aérographe pour peindre hyperréaliste. C’est une technique comme une autre. Jusqu’à une époque récente, où la photographie n’existait pas, c’est la peinture qui remplissait ce rôle de représentation et donc le réalisme poussé à l’extrême était de mise pour représenter simplement les choses ou les gens environnants, pour fixer les scènes qui s’offraient à l’oeil humain. On peut expliquer le terme hyperréalisme comme suit : peindre à partir d’un document photographique, donc hyper pour « dépasser, sublimer ou interpréter » le document photographique. Quant à réalisme, nous entrons de plein pied dans une définition mystico-sociologique « Qu’est-ce que la réalité ? ». Quoi qu’il en soit sur l’interprétation qu’on peut faire du terme « hyperréalisme », c’est quand même ce mouvement artistique qui a définitivement ouvert à l’aérographie les portes des Beaux-Arts, portes infranchissables jusqu’aux années 80. Nous sommes loin aujourd’hui des méthodes rudimentaires d’aérographie qui consistaient à envoyer des pigments colorés au moyen de roseau ou d’os creux. La technique s’est peaufinée avec le temps mais elle remonte à des temps immémoriaux ; certaines cavernes en portent encore l’empreinte artistique.
L’instrument est composé d’un corps qui a la taille d’un stylo et d’un réservoir, situé soit au-dessus ou au-dessous servant à mettre la peinture. Celle-ci sera pulvérisée grâce à la molette qui est située sur le dessus de l’instrument. Enfin, une aiguille guide la peinture, traverse tout le corps de l’instrument et est terminée à son extrémité par une buse par laquelle la peinture est pulvérisée. L’outil est relié à un compresseur qui souffle de l’air sous pression.
Texte d’HeleneCaroline Fournier